3 PAYS 3 FRONTIERES , DU 17 NOVEMBRE AU 05 DECEMBRE 2016
Les trois frontières …
Après Rio la mythique , Rio la magique , Rio l' envoûtante , il nous fallait désormais rapidement choisir dans quel sens nous allions attaquer ce nouveau monde si vaste , aux distances démesurées pour nous trois dont les seuls moteurs de locomotion sont notre curiosité et notre volonté.
Partir par le nord du brésil , remonter vers la Colombie puis redescendre ou autre option ,descendre plein Sud vers la Patagonie et les succulents steaks argentins .
Sans raison valable , si ce n' est l' espoir naïf d' être au bon moment pour admirer les baleines de la péninsule de valdès , nous décidons finalement de mettre le cap plein sud .
Notre première étape se fera a Curitiba , à 900 KMS de là , 16 OU 17H DE BUS , une broutille pour ce pays hors norme .
A ceux qui pourraient croire que soudainement les dipatakat après avoir passé 2 ANS dans un camion se seraient pris de passion pour les bus, il est utile de rappeler qu' ici , les trains sont quasi inexistants et le réseau ferroviaire très peu développé , quand aux avions , les prix sont une offense a notre pouvoir d' achat si précieusement contrôlé.
Du moins , l' intendante en chef y veille avec ,il faut bien le dire grand succès , luttant sans cesse contre la gourmandise et l' appétit dépensier de ses 2 gloutons ,le petit comme le grand .
Autant cela était facile pour flo de contenir le vorace appétit de ses deux hommes dans des pays végétariens … mais là , c' est une autre histoire. VIVA BRASIL !
Après une nuit dans le bus , honnêtement pas désagréable , nous prenons possession de nos nouveaux lits , appart correct , quartier correct… notre routine du déménagement quotidien se met en place , check liste vite faite , tout est ok .
Micro onde et cuisinière ok = on peut aller faire les courses et cuisiner
Cafetière ok , assiettes ok ,
douche ok , eau chaude ok , lits ok , draps c' est bien cette fois il y en a …
supermarche … a coté … parfait
Bus taxi … pas loin … super
Le tour du proprio étant fait , nous irons visiter cette ville très agréable , c' est parti pour le colognogno colognagna. Centre ville historique aux vieilles maisons coloniales , rues pavées , églises typiques , tout y est .
On se régalera donc a errer dans ces rues animées , calmes et tranquilles .
curitiba
Mais Curitiba , c' est aussi le point de départ d' une terre d' aventure extraordinaire et de ces vastes étendues vierges du Parana .
C ' est d' ici que part un des mythiques trains d' Amérique du sud , le Serra verde express, élut comme étant un des 10 trajets en train les plus beaux au monde crée en 1885, le tracé sillonne et chemine au travers de paysages vierges et somptueux , accroché a flan de colline .
En fait d' express , ce petit train nous conduira a Morretes , capitale de la banane a la vitesse fulgurante de 25 KMS heure, il nous faudra donc patienter 3H30 pour effectuer les 85 KMS ...
La durée du trajet sera largement compensée par de sublimes paysages purs , sauvages.
Quelques heures plus tard , nous voilà attablés dans un un de ces petits restau sans prétention proposant tous le même menu , la spécialité locale a base de manioc : le Barreado , sorte de bloubiboulga , mélange pâteux de viandes, manioc , blé ,piments et autres trucs inconnus.
Très sincèrement sans grand intérêt gustatif si ce n' est qu' une fois avalé ,vous êtes tout bonnement planté là , attendant patiemment une digestion lente et lourde.
Ce petit village , perdu au milieu de cette nature si vaste nous donnera l' impression d' être coupé du monde , rien ne bouge , rien n' a du changer depuis fort longtemps …
C' est a l' heure de repartir , que la notion perdu au milieu de nulle part prendra tout son sens .
Il est 4h , alors que nous espérions prendre nos tickets de bus pour revenir chez nous a Curitiba , le chef de gare nous annonce un bus dans 6h , et pas de places sur le train retour …
Gloups …
Forcés et contraints , nous n' avons pas le choix que d' espérer trouver un taxi ou une navette privée .
A notre grande surprise , avec l' aide du chef de gare , le prix d' un taxi sera bien moins cher que le billet de retour en bus … c' est donc tels des nababs que nous rentrerons chez nous tout confort , traversant au demeurant une superbe route aux paysages grandioses , la route de Graciosa , datant du 19IEME S , les pavés étant encore en place , peut être pour faciliter la digestion du plat local !
serre verde express
le train serre verde express, morretes
C ' est vers un autre lieu tout au moins prometteur que nos regards avides de découverte se tournent : les célébrissimes chutes d' Iguaçu .
« regardez , on es pas très loin … allez on fonce !!! »
« heu … c' est quoi pas très loin ? »
« y' a juste 700 KMS ! »
« ha ben alors … effectivement … allons y …. »
12 HEURES DE BUS PLUS TARD et une nuit de plus dans un bus semi cama , comprenez sièges qui s' inclinent assez pour ne pas se plaindre , mais pas suffisamment pour dormir correctement , nous voilà au aurore dans la gare de Foz de Iguacu , yeux hagards d' une nuit blanche , regard noir d' un sommeil absent .
Pas de temps a perdre , nous sautons dans un collectivo , bus pourri urbain pour rejoindre la station de départ d' un ...autre bus désormais notre passion , qui ENFIN, nous emmènera directement aux portes des plus belles cascades du monde .
Le temps de déposer nos sacs et reposer nos dos qui ont une nette tendance a nous faire la gueule et nous voilà , devinez ou ? …. dans un BUS ! Cette fois sans toit , pour les 10 derniers kms de route asphaltée sillonnant le parc .
Quelques pas et soudain un grand WOUAAAAAA unanime , spontané , collégial … nous sommes devant un spectacle que nous n' oublierons jamais !
C' est grand , c' est fort , c' est puissant , c' est magnifique , on oublie la fatigue , on oublie les dos qui grognent , on oublie que parfois le voyage est dur , on pleure , on rit , on observe , le plaisir de chacun démultiplié lorsque nos regards incrédules et fascinés se croisent .
ON y est ! On aura eut la chance dans notre vie de voir Ça !
Merci voyage , merci la vie , merci merci merci …
Le spectacle est effectivement a la hauteur de sa réputation , le site est grandiose vous l' aurez compris , ou alors je suis vraiment nul , nous passerons l' après midi a suivre le chemin nous faisant découvrir merveille sur merveille .de cascade en cascade plus belle plus puissante les unes que les autres .
WOUA WOUA et re-re WOUAAA. Un Jack London , Hemingway ou Hugo aurait trouvé les mots justes , moi je n' ai trouvé que ça !
Comme si la magie des lieux ne suffisait pas , nous aurons le plaisir de croiser le chemin d' une faune variée et peu ordinaire pour nous .
Nous stopperons net a la vue d' un toucan , oiseau aux couleurs irréelles tout droit sortit d' une BD pour enfant ,
plus loin , nous rigolerons des espiègleries de ce drôle d' animal , peu farouche le coatis , quelques pas et nous tomberons nez a nez sur une sorte de gros iguane pas franchement sympathique , après les varans de Malaisie , même pas peur .
Nous finirons notre journée par la visite non loin de là ,du parc ornithologique de VAES .
Bien que n' étant pas des gros fans d' oiseaux emprisonnés , il faut bien avouer que ce parc nous éblouira de toutes ses richesses .
Les volières sont énormes et pour la plupart accessibles au visiteur , le cadre est superbe , planté au milieu de cette dense foret extravagante.
Nous prendrons donc énormément de plaisir a observer les magiques perroquets , toucans , aigles , caïmans , boas et autres curiosités de cette nature qui n' en fini pas de nous subjuguer.
foz de iguacu,reserve ornithologique de vaes
Il se fait tard , et les dipatakat sont … fatigués … doux euphémisme , éreintés , crevés eurent été plus appropriés .
Comme notre volonté d' entêtés l' emporte a chaque fois sur nos pieds fatigués , nous décidons de nous rendre avant la nuit du coté argentin a quelques kms de là , afin demain matin dès l' aube de repartir a l' assaut de ces chutes cette fois a partir de Puerto Iguacu , coté argentin .
Le temps de récupérer nos sacs et nous voilà … dans un bus .. ; ça faisait longtemps , cette fois pour gagner la frontière argentine et trouver pour la nuit notre lit a Puerto Iguacu.
Le passage en Argentine se fera sans aucun problème , les douaniers nous gratifiants d' un large sourire , cherchant en vain une petite place pour apposer un tampon de plus sur nos passeports quasi pleins .
8h du soir , nous sommes en Argentine , l' appart du soir est trouvé , nos réflexes bip bip « nouveau pays » se mettent sans difficulté en place , du rial nous passons au peso , du obrigado ,merci brésilien nous passons au gracias espagnol version argentin , tout va bien .
Le temps de trouver de quoi nourrir les gloutons et vite vite au lit , vite vite dormons , impatients de se réveiller pour vite vite ,vivre notre vie qui nous plaît tant !
Aux dires de beaucoup , les chutes coté argentin sont encore plus impressionnantes , c' est donc la tête encore pleine d' images a classer et les yeux brillants du spectacle a venir que notre pote Morphée sans tarder s' invitera dans notre intimité , heureuse et fatiguée.
Dring Dring … il est tôt , trop tôt , comme a chaque fois , nos membres escrocs que nous connaissons bien simulent une catalepsie soudaine , NON NON ET NON on bougera pas !
Madame la volonté nous étant bien souvent d' une grande aide , le temps d' avaler un petit dej et nous voilà en route pour le spectacle de la journée .
ET QUEL SPECTACLE ! Notre langue est pourtant riche de mots , mais aucun ne suffira a traduire cette émotion que le lieu nous apportera .
Il émane de ces chutes une force , une puissance que nous n' avons jusqu' a lors jamais ressentis.
C' est tout simplement époustouflant , la nature dans toute sa beauté , le cadre est enchanteur , on finirai presque par croire en dieu ! Non je plaisante .. mais quand même …
Nous passerons la journée a arpenter les 4 chemins différents qui vous mènent au plus proche du monstre.
Des millions de mètres cubes d' eau crient leur liberté d' aller ou bon leur semble , la nature a chaque instant nous rappelle o combien elle est reine de ce monde quand nous croyons si bêtement et cupidement en être les souverains .
Le soir venu , le temps se gâte , un orage plane au dessus de nous , nous finissons cette hors du commun journée par le point d' orgue de ces plus belles chutes d' eau du monde : la gorge du diable .
Après une longue balade marchant sur des passerelles surplombant le majestueux fleuve Parana , nous y voilà , dans l' antre du monstre , un trou sans fond dans lequel toute la puissance du monde vierge s' engouffre .
Désormais l' orage gronde , des pluies diluviennes s' abattent sur nous , il pleut par en haut , il pleut par en dessous , l' écume de ces millions de mètres cubes d' eau sauvage et libre rugit de toute part , nous sommes glacés , trempés , subjugués , terrifiés et en même temps hypnotisés par une telle démonstration de force , de puissance .
Il me semble soudain que ce gouffre sans fin , sans fond , cette gorge du diable est sans nul doute , le lieu ou la terre lave essore et vomit toute la connerie des hommes . Des millions de mètres cubes de cupidité , d' égoïsme ,de jalousie incessants plongent dans ce trou béant
C' est transis de froid , trempés , lessivés , sourires figés , yeux abrutis de tant de beauté que nous regagnerons le soir venu ,chargés d' adrénaline ,notre petite maison bien calme .
Journée quintuple WOUAAAAA a n' en pas douter
puerto iguacu waterfalls coté Argentin .
Le soir , parce que on en veut et voudra toujours plus , nous repartirons voir cette si particulière zone des trois frontières , ou le Paraguay , l' argentine et le Brésil ne font plus qu' un .
Un lieu , trois pays , cela nous rappelle sur un autre continent le mythique triangle d' or que nous avions tant aimé .
LES TREZ FRONTERAS BRESIL PARAGUAY ARGENTINE, notre jardin d' un jour
Riche de nouveaux souvenirs , jauge de curiosité a son maximum , mental des troupes irréprochable, nous décidons de pousser un peu plus en direction des terres des indiens Guaranis .
« c' est pas loin … juste ... »
« wouais wouais je sais 600 KMS , 10H de bus ... »
En fait , c' est après 6 heures de notre vénéré bus que nous posons nos pieds dans la poussière intemporelle de SAN IGNACIO .
Première impression a notre descente de bus … « qu' est ce qu' on fout là ! »
Imaginez un village , paumé de tout , loin de tout , ayant pour voisin nulle part , la chaleur est au RDV, véritable fournaise .
Évidement , la gare routière est située bien loin de notre point de chute , et il nous faudra marcher un bout de temps , le scepticisme en bandoulière pour rejoindre notre hôtel du bout du monde .
Pas un chat , ambiance d' un village du far ouest , portes qui claquent et buissons qui roulent sans but .
mon imagination me fait entendre du Ennio Morricone , a tout moment je m' attends a croiser le bon , la brute et le truand … le bon si c' est possible siou plaît …
Alors pourquoi nous sommes nous arrêtés là , dans ce trou perdu ?
Le lieu n' est pas si anodin et vide d' intérêt que cela , ce village abrite en son sein les ruines de san ignacio , célèbre pour ces fameuses missions jesuites lors de la colonisation : les réductions .
Nous sommes en pleine terre des « Missionnes », au cœur de la triste et riche histoire des indiens guaranis , histoire dont tout le monde se fout et pourtant …
Le soir venu , après avoir pris beaucoup de plaisir a écouter un groupe de percussions dans le parc du village , nous achetons nos tickets pour les fameuses ruines classées a l' UNESCO , ce soir spectacle sons et lumières .
Les ruines , très sincèrement n' ont rien de spectaculaire , nous avons vu tellement plus beau en Iran , en Grèce ou en Turquie mais le spectacle sous forme d' hologrammes , nous menant dans tout le site de nuit ,non seulement nous plaira mais surtout nous touchera beaucoup.
Les guaranis sont ces fameux indiens que l' on nous montre dans de nombreux reportages , la moitié supérieure du visage peinte en rouge cerclée de noir.
Lors de la colonisation , ESPAGNOLE ET PORTUGUAISE , l' ordre des jésuites a obtenu du pape de l' époque cette zone des missionnes , pour effectuer un test grandeur nature sur l' évangélisation de ces sauvages trop heureux ainsi pour le rester.
Les jésuites feront là un incroyable travail , du moins ,moins pire qu' ailleurs si on considère que l' évangélisation eut été nécessaire , et gagneront la confiance des guaranis , respectant leur culture , les traitant comme des hommes , les colons portugais et espagnols ne voyant en eux que mains d' œuvre et esclaves bon marché .
Le succès des jésuites et des missions devenues prospères fut tel que cela évidement ne tarda pas a attirer les convoitises , et très vite la puissance des jésuites et le dévouement des guaranis commença a faire peur , aux rois colons .
Sous les pressions de ces colons avides et par peur de représailles , l' église très vite enjoignit les jésuites de quitter ces superbes missions , symbole d' une colonisation pour une fois un peu plus juste que d' accoutumée , abandonnant les guaranis aux griffes acérées des portugais et espagnols , avides de richesse et esclaves .
L' ordre des jésuites sera banni de notre chère église , celle ci fermant les yeux ,complice du génocide et de la barbarie qui s' abattra sur ces pauvres indiens guaranis dans le seul but de préserver ses intérêts ... AMEN !
Qu' en aurait il été , si ce modèle de colonisation réussie , du moins moins cruelle et barbare avait pu se généraliser a toute l' AMERIQUE DU SUD ?
Que serait aujourd’hui ce superbe continent si riche des beautés du monde ?
Aucun de nos cher fraîchement communié en aube immaculée , tout juste confessé ne saura jamais que 90 % de ces AMERINDIENS seront assassinés sous les yeux bienveillants de la sacro-sainte église protectrice , aucun d' eux bien-sur n' entendra jamais parler de ce si beau peuple qu' était les guaranis .
IN nomine patris et filii et spiritus sancti . AMEN !II
Il est tard , en sortant des somptueuses allées bien taillées par l' unesco , nous croisons en chemin quelques enfants déguenillés , cheveux hirsutes et marques d' un monde qui leur a tourné le dos , ce sont les descendants directs de ces indiens guaranis , a leur cou pend la belle croix du catholicisme… tout va bien …
Corcovado ? T ' es toujours sur ton rocher de RIO , impassible , insensible ?
Moi a ta place , c' est dans un terrier que j' irai me cacher !
ruines jesuites de san ignacio
Les jours suivants nous mettrons le cap sur le Paraguay en passant par posadas .
Le Paraguay ? Si il y a bien un pays dont on ne sait rien c' est bien celui ci !
Qu'y a t' il a faire sur cette étrange terre ?
Après quelques recherches , la sentence tombe , au Paraguay , 2IEME pays le plus pauvre d' Amérique du sud , il n' y a pas grand-chose a voir , ni même a y faire !
C' est parfait ! Nous, on aime bien les pays pas conseillés par les guides touristiques ,
On fonce donc a Encarnacion , ville frontière entre l' Argentine et le Paraguay , trop heureux de mettre les pieds dans une région ou nous espérons retrouver l' authenticité de ces pays peu touchés par un tourisme de masse qui parfois nous manque .
Nous arrivons a ENCARNACION après cette fois 3 heures de bus et un dernier nous déposant a la frontière , censé nous attendre le temps des formalités … qui partira sans nous !
Première impression , c' est moche ! Nous aurons toutes les peines du monde a trouver une chambre digne de ce nom et surtout contre toute attente a un prix en adéquation avec le niveau de vie du pays .
Encarnacion est en fait une ville shopping pour les riches ARGENTINS voisins qui viennent ici le week end pour faire le plein a bon prix de tous ce que le monde peut compter de contrefaçons.
Nous trouvons enfin , après multiples tentatives et déconvenues , un hôtel qui en prime abord nous semble correct , c' est a dire offrant des lits sans punaises ou puces , un plafond qui ne dégouline pas a la première pluie ou encore une douche si possible avec de l' eau .
Fatigués , le hall nous semblant de bonne augure , nous payons la chambre …. erreur erreur , le hall n'est qu' une façade , très vite en montant les escaliers nous trouvons l' endroit glauque , un long corridor central distribue les placards a dormir sans fenêtres , cet endroit ressemble a s' y méprendre a une ancienne prison reconvertie ou les cellules sont devenues chambres .
En poussant la porte de notre cage , nous comprenons tout de suite notre erreur , la chambre est décrépite , sombre, aveugle , les 2 paillasses occupent tout l' espace , le ventilo fait un boucan du diable et l' eau arrive par filet , bien-sur froid !
Bref jamais nous n' avons dormi dans un endroit aussi sordide .
Le temps de poser nos sacs et nous sortons vite fait , bien décidés à ne revenir qu' une fois bien fatigués pour dormir directement.
La ville ne présente que très peu d' intérêt ,maigres un front de plage sans mer ou le long du lac , les habitants viennent boire le fameux maté , jus d' herbe macéré consommé en permanence par les paraguayens .
Il est drôle de les voir tous déambuler dans la rue , le thermos et la tasse coincé sous le bras .
Bien sur , curieux , nous testerons ce délicat breuvage , franchement amère , très proche du jus d'herbe fraîchement tondue.
Le soir sur le front de plage sans mer , nous passerons une très bonne soirée avec Clément , un voyageur français , lui aussi parti pour faire le tour de l' Amérique du sud .
PARAGUAY ENCARNACION
Le lendemain , sans trop de tristesse , nous quittons Encarnacion pour rejoindre la capitale Asunción .
Là encore nous ne nous attendons pas à de folles découvertes , mais il est vrai qu' ici l' authenticité que l' on retrouve compense allègrement le peu de choses a voir .
Arrivée a Asunción , nous ne pouvons que constater la pauvreté ambiante , le bordel et la désorganisation perceptible autour de la gare , marqueurs typiques de ces pays que nous connaissons bien .
A nouveau , les regards se font bienveillants sur les touristes rares et perdus que nous sommes , a nouveau la gentillesse des peuples authentiques s' offre a nous .
Un jeune homme devant la difficulté pour nous de trouver le bon bus pour rejoindre notre maison du soir de l' autre coté de la ville , spontanément nous accompagnera jusqu' a la porte de notre immeuble , ne parlant pas anglais , nous nous contenterons de quelques sourires bienveillants de sa part .
En poussant la porte , nous voilà soulagés , l ' appart est parfait , confortable , idéal pour une bonne pause et découvrir ce nouveau pays .
Nous y resterons d' ailleurs une bonne semaine .
Stéphanie ,la propriétaire, jeune allemande , résidente permanente dans ce pays pour des raisons qui lui sont propres sera d' une réelle gentillesse , ne sachant que faire pour nous faire découvrir cette ville .
Nous aurons d' ailleurs sa visite a plusieurs reprises , pour le plus grand plaisir de tous .
Le centre d' Asunción est plutôt agréable , les boutiques d' un autre age alternant avec les franchises du monde moderne . On sent bien qu' ici tout bouge , se construit , tout reste a faire .
Nous aurons vite fait le tour des bâtiments coloniaux encore debouts , et retiendrons cette épique petite gare ferroviaire et son musée , première gare a avoir été construite en Amérique du sud pour permettre aux colons d' explorer plus en avant les terres inconnues de l' ouest qui plus tard deviendront la Bolivie , le perou , le chili.
Nous prendrons un réel plaisir a visiter les wagons d' époques , se croyant pour un instant en plein milieu d ' un film de cow-boys et indiens .
En se posant a la terrasse d' un café , on peut observer une grande mixité de population , beau nombre d' européens ont trouvé ici une terre d' accueil complaisante lorsque ceux ci n' avaient pas trop intérêt a traîner dans leur pays d' origine .
Le Paraguay est un pays offrant très facilement sans une trop grande curiosité , le statut de résident permanent …
ho , Bonjour jacques , la petite famille médecin se porte t' elle bien ? Avez vous de fraîches nouvelles de Nice , cette si belle ville qui vous a tant donné ou plutôt a qui vous avez tant pris ?
Bonjour Herr Mendele, brillant étudiant en médecine , option sadisme , vous passerez mon plus sincère dégoût a votre voisin Herr Heischmann et sa solution finale ….
Étrange ville que cette capitale dont plus de la moitié de ses habitants ont moins de 25 ans.
Un soir , au détour d' une allée de supermarché , nous ferons une improbable et superbe rencontre de deux français , arrivés là il y a 8 mois .
Charles est ex avocat parisien , CESAR est tailleur dans la haute couture , le courant passe vite entre nous et le soir même nous voilà tous les quatre réunis , EOL quant a lui , trop heureux pour une fois d' avoir l' appart pour lui tout seul.
Nous avons durant notre voyage rencontré tant de gens , de personnalités incroyables , de destins romanesques , Charles et César feront sans nul doute partie de ceux là .
Nous passerons une superbe soirée avec des gens rares , ouverts , curieux , sincères , animés comme nous par une même volonté de vivre intensément , sans barrières , sans frein d' une société sclérosante .
Nous apprendrons rapidement qu' après avoir vécu dans différents pays , ils sont venus se poser là pour s' inscrire a la fac de vétérinaire. Rien de surprenant me direz vous , si ce n' est que la soixantaine passée , il est tout de même rare de voir des étudiants se lancer pour 6 ans d' étude !
Alors messieurs , bravo ! Bravo et encore bravo ! Tout simplement , on vous adore !
Quelle leçon vous donnez là a ceux qui déjà jeune étaient vieux , quel bel exemple vous nous offrez là .
Ce soir là , flo et moi , en sortant de votre appartement , sourires aux lèvres ,nous nous regardions yeux dans les yeux , nous promettant que jusqu' a la fin nous aurions des projets fous !
A bientôt donc chers amis presque vetos , les animaux eux aussi ont le droit de porter de la haute couture , protégés par un bon avocat.
Le lendemain , STEPHANIE insistera pour nous conduire a la gare et négocier pour nous le meilleur prix de nos billets de bus pour les 22H qui nous attendent a destination de Buenos aires ...
« wouais je sais ...c' est pas loin … juste 1445 KMS PLUS AU SUD … »
Contre toute attente , nous aurons aimé cette pause au Paraguay , pays authentique et simple comme nous les apprécions tant .
Cette pause , sans trop savoir pourquoi aura été bénéfique pour notre voyage , soudainement parce que nous avons pris le temps , il nous semble que notre voyage prend une autre dimension , comme si toutes les histoires des peuples bien trop souvent dures et cruelles que nous avons rencontré se rejoignaient soudain pour nous délivrer une compréhension plus logique et claire du monde dans lequel nous vivons .
Après ces 2 années de voyage , nous parvenons de mieux en mieux a inscrire l' histoire de chaque pays traversé dans la grande histoire du monde , perdant notre naïveté pour gagner indéniablement en maturité .
Paraguay : ASUNCION
2 ans et 4 mois que nous sillonnons désormais le monde , alors peut être est il temps de se livrer a un bilan pour chacun d' entre nous .
Alors que nous quittions la France avec un petit garçon de 11 ans , c' est aujourd'hui un jeune homme qui nous accompagne .
Certes il est le modèle type de l' ado pas fini , espèce en construction croisé mi céphalopode invertébré mi paresseux option koala bras trop longs pendants et pieds traînants , son incroyable aptitude a se vautrer invariablement dans tout ce qui ressemble de loin ou de près a un canapé dans des positions qui dépassent l' entendement , nous laisserons je crois ,a jamais pantois...
mais c' est en même temps un jeune homme aujourd'hui si riche ,plein d' une connaissance du monde rare a son age qu' il a si bien su s' approprier.
EOL tout au long de cette réelle aventure nous aura surpris par sa capacité a garder son sang froid face à certaines situations inhabituelles pour un garçon de son age , il nous aura ravi par sa capacité a tester et goûter des plats parfois difficiles , cela sans jamais se plaindre .
Il nous aura surtout rendu très fier quand a sa capacité d' adaptation face a cette vie que nous lui proposons qui n' est pas de tout repos .
Alors , a notre fils bravo , nous sommes très fiers de toi .
Nul doute que tu pousses bien droit , et qu' un jour un grand homme tu deviendras.
Merci de contribuer a cette aventure et l' avoir rendu non seulement possible mais surtout fantastique en famille .
Un jour ,du haut de tes 20 OU 25 ans en prise avec les classiques vicissitudes de la vie , tu reliras ces lignes , n' oublies jamais tes rêves et surtout réalise les !
Ma flo , quand a elle ,selon ses propres mots est « pleine »
Ce voyage aura été pour elle une avalanche de prise de conscience , une cascade d' émotions jusqu' a lors inconnues .
Un feu d' artifice de rencontres magnifiques et un ouragan emportant sa naïveté et son innocence .
Il y a deux ans , je regardais ma belle avec tendresse et complicité , je pose aujourd'hui sur elle un regard pleinement admiratif doublé d' un amour encore plus fort et d' une fierté sans bornes.
J' ai vu florence avoir peur , se faire mal , se battre contre ses propres démons , pleurer de fatigue , hurler de rage ,se dépasser bien au-delà de ses limites mais jamais je ne l' ai vu jeter l' éponge , jamais je ne l' ai entendu dire trop c' est trop ! Jamais cette femme ne baissera les bras .
Ma petite flo bagarreuse , je te serai éternellement reconnaissant de m' avoir permis de vivre une si belle aventure en ta compagnie. Tu m' as toujours promis que tu me suivrais au bout du monde , je crois que tu n' as pas failli !
Je me revois quant a moi , inlassablement dépliant la carte du monde , me promettant qu' un jour , ce monde ,j' en ferai le tour ...
Je me rappelle ,rêvant de ces terres inconnues nourrissant mes rêves les plus fous , je me souviens de ces noms magiques qui me faisaient tant vibrer : Taj mahal , Everest, Anapurnas , Katmandou , Pondichéry , Birmanie , Laos , Angkor, Mékong ,Halong …
j' y ai finalement trouvé bien plus , bien au-delà de mes rêves les plus profonds , bien au-delà des paysages merveilleux de notre planète ,
j' y ai avant tout trouvé des hommes , des histoires qui a jamais me marqueront mais je crois bien surtout que je me suis trouvé moi même ... Enfin !
Gros bisous a tous , en espérant vous avoir donné quelques plaisirs a la lecture , tout au moins autant que nous en avons eu a l' écrire ...
ON THE BUS AGAIN ...